- vengeance
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1 ♦ Action de se venger.♢ (L'accent étant mis sur la réparation) Dédommagement moral de l'offensé par punition de l'offenseur. La vengeance de l'insulté fut le mépris. La vengeance d'une insulte. Une vengeance terrible. — Loc. Tirer vengeance d'un affront. « Enfin mon père est mort, j'en demande vengeance » (P. Corneille).♢ Punition de l'offenseur qui dédommage moralement l'offensé. ⇒ châtiment, représailles. « La vengeance est douce à tous les cœurs offensés » (Marivaux). « La vengeance est un besoin, le plus intense et le plus profond qui existe » (Cioran). Exercer sa vengeance sur qqn. Soif, désir de vengeance. ⇒ rancune, ressentiment. Vengeances corses. ⇒ vendetta. — Loc. prov. La vengeance est un plat qui se mange froid : il faut savoir attendre pour se venger.2 ♦ Besoin, désir de se venger. Esprit de vengeance. Agir par vengeance. « L'enivrante jouissance de la vengeance satisfaite » (Balzac). Loc. Crier vengeance.3 ♦ Relig. Action de punir. « Une impression éternelle de la vengeance divine » (Bossuet).Synonymes :- représailles- rétorsionContraires :- oubli- pardonLittéraire. Crier, demander, réclamer vengeanceSynonymes :- réparationvengeancen. f. Action de se venger; acte par lequel on se venge. Tirer vengeance d'une insulte. Crier vengeance.⇒VENGEANCE, subst. fém.A. — Gén. au sing. Action par laquelle une personne offensée, outragée ou lésée, inflige en retour et par ressentiment un mal à l'offenseur afin de le punir; résultat de cette action. Synon. représaille, revanche; anton. pardon. Vengeance atroce, complète, criminelle, cruelle, éclatante, raffinée, rapide, secrète; belle, juste, petite, terrible vengeance; vengeance corse; pensée, idée de vengeance; victime d'une vengeance; plaisir de la vengeance; accomplir, assouvir, préparer, réclamer, redouter, savourer une vengeance; pousser la vengeance trop loin; se livrer à des vengeances; renoncer à une vengeance. La nuit tomba. Hamilcar se délectait devant le spectacle de sa vengeance [la plaine couverte de morts] (FLAUB., Salammbô, t. 2, 1863, p. 134). Malatesta: Tu es donc mon pire ennemi, que tu veux m'enlever ma vengeance? Isotta: Une vengeance trop prompte n'est plus une vengeance; ce n'est qu'une riposte. Une vengeance digne de vous doit être longue et infinie (MONTHERL., Malatesta, 1946, I, 8, p. 459).— Vengeance (de qqn) contre qqn, contre qqc. La vengeance du pauvre contre les riches, ce sont ses filles (GONCOURT, Journal, 1865, p. 176). Le rire brave tout. Il y a une belle vengeance dans le rire, contre le respect qui n'était pas dû (ALAIN, Beaux-arts, 1920, p. 156).— Loc. verb.♦ Crier, demander vengeance. [Le suj. désigne une pers.] Demander avec force, insistance qu'un crime soit vengé. Ulysse: La Grèce et Ménélas crient vengeance. Oiax: Si les maris trompés ne criaient pas vengeance, qu'est-ce qu'il leur resterait! (GIRAUDOUX, Guerre Troie, 1935, II, 12, p. 160). [Le suj. désigne un inanimé] Être preuve d'un crime, d'une injustice qui doit être vengé. Vous avez commis plus de meurtres qu'il n'en faudrait pour damner tous les saints du Paradis. Le sang du roi et des nobles crie vengeance et ses cris seront entendus (JARRY, Ubu, 1895, III, 5, p. 62).♦ Demander vengeance (à qqn de qqc.). Ah! si mon enfant ne trouvait ni secours ni tendresse en toi, je demanderais éternellement vengeance à Dieu de ta dureté (BALZAC, E. Grandet, 1834, p. 65).♦ Tirer (une) vengeance (de qqn, de qqc.). Se venger (de quelqu'un, de quelque chose). Je brûlais du désir de tirer de lui la vengeance qui m'était due, et je jetais sur lui seul la fureur et le désespoir que tant de causes réunies avaient amassées dans mon sein (DURAS, Édouard, 1825, p. 207). Persuadé au fond de sa chasteté, je finis par vouloir tirer vengeance, non de ses fautes, mais des pensées qu'elle m'avait données (CAMUS, Dév. croix, 1953, 1re journée, p. 543).— DR. ANC. Vengeance privée. ,,Système primitif du droit pénal dans lequel la victime d'un dommage a le droit de causer à l'auteur de celui-ci un autre dommage, à moins qu'il n'intervienne entre les parties une composition pécuniaire moyennant laquelle l'offensé renonce à son droit de vengeance (à l'époque franque en particulier)`` (LEP. 1948). On a très souvent soutenu que la vendetta avait été primitivement la forme unique de la peine: celle-ci aurait donc consisté d'abord dans des actes de vengeance privée (DURKHEIM, Divis. trav., 1893, p. 58).— En interj. Vengeance! [Cri par lequel on demande vengeance, on excite quelqu'un à la vengeance] Ces mots terribles retentissent sans cesse à mon oreille: point de repos pour l'assassin! vengeance! vengeance! (GUILBERT DE PIXER., Coelina, 1801, III, 1, p. 42).— Proverbe. La vengeance est un plat qui se mange froid; la vengeance se mange froide. Il faut savoir attendre que la colère retombe pour accomplir sa vengeance de façon plus cruelle et plus raffinée. V. froid I A 1 b loc. métaph.B. — [Gén. avec l'art. déf.] Penchant irrésistible, désir passionné de rendre le mal pour le mal, de punir une offense ou un outrage. Pour la première fois peut-être, dans un cœur d'homme, l'amour et la vengeance se mêlèrent si également qu'il était impossible à Montriveau lui-même de savoir qui de l'amour, qui de la vengeance l'emporterait (BALZAC, Langeais, 1834, p. 289). Tout ce qui touche à la guerre se produit sans haine et sans esprit de vengeance (SOREL, Réflex. violence, 1908, p. 161).♦ Par vengeance. Par besoin de se venger. Peut-être (...) irait-elle tout dire à la justice, par vengeance et jalousie (ZOLA, Th. Raquin, 1867, p. 101).C. — Littér. [Suivi d'un déterm. ou d'un adj.] Punition divine, malheurs qui atteignent un coupable et que l'on attribue à la justice divine. Synon. châtiment. Vengeance du ciel, de Dieu. Si tu croyais échapper à la vengeance céleste, don Juan, tu n'étais donc qu'un lâche? (SAND, Lélia, 1833, p. 294). Il éprouvait après elle d'instinctifs désirs de crier pardon, ou bien des besoins furieux de braver la vengeance divine, toujours présente, quoique niée (ESTAUNIÉ, Empreinte, 1896, p. 277).Prononc. et Orth.:[
]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. Ca 1100 venjance (Roland, éd. J. Bédier, 1459). Dér. de venger; suff. -ance. Fréq. abs. littér.:2 449. Fréq. rel. littér.:XIXe s.: a) 5 775, b) 3 699; XXe s.: a) 2 297, b) 2 122. Bbg. GREIMAS (A.-J.). De la colère... Doc. Gr. Rech. sémio-ling. 1981, t. 3, n° 27, pp. 21-22. — QUEM. DDL t. 28.
vengeance [vɑ̃ʒɑ̃s] n. f.ÉTYM. XVe; venjance, 1080; de venger.❖1 Action de se venger. — (L'accent étant mis sur la réparation). Dédommagement moral de l'offensé par la punition de l'offenseur. — Une, des vengeances; la vengeance de qqn, sa vengeance. || Goûter, savourer sa vengeance (→ 2. Lieu, cit. 6). — (L'accent étant mis sur le châtiment). Punition de l'offenseur, laquelle dédommage moralement l'offensé. ⇒ Châtiment, punition, revanche; représaille (cit. 3). || Haine (cit. 5) et vengeance. || Noir projet de vengeance (→ Couver, cit. 7). || Préférer la pitié (→ Secourable, cit. 2), le pardon à la vengeance. || Soif, désir de vengeance (→ Désarmer, cit. 7; éteindre, cit. 14). ⇒ Rancune, ressentiment. || L'espoir d'une atroce (cit. 4) vengeance. || Vengeance exemplaire. || Exercer sa vengeance sur qqn. || Vengeances dans un gang (→ Inépuisablement, cit. 2), dans le milieu, la maffia. || Vengeances corses. ⇒ Vendetta. — La vengeance. || La vengeance, ce fruit amer (cit. 9) et délicieux. || La vengeance ne répare pas le mal, elle l'aggrave (→ Dédommagement, cit. 3). — (Dans les loc. verbales, sans déterminant). || Tirer vengeance d'un affront, d'un outrage, d'une offense, d'une trahison…, d'un meurtre; d'un crime. ⇒ Réparation; punir. || Un soufflet qu'il avait reçu sans en tirer vengeance (→ Mitre, cit. 2). — ☑ Mon père est mort, j'en demande vengeance (→ 1. Allégeance, cit. 1). || Crier, réclamer vengeance. || Une chose horrible (cit. 1) qui crie vengeance au ciel.1 C'est que la vengeance est douce à tous les cœurs offensés; il leur en faut une, il n'y a que cela qui les soulage; les uns l'aiment cruelle, et les autres généreuse (…)Marivaux, la Vie de Marianne, VIII.2 En vieillissant, on s'aperçoit que la vengeance est encore la forme la plus sûre de la justice.Henry Becque, cité par Louis Jouvet, Réflexions du comédien, p. 88.3 Eh bien ! je pense qu'une injure qui ne finirait pas par être pardonnée, ou tout bonnement oubliée, aboutirait, de vengeance en vengeance, à la destruction du monde, car où s'arrêter, comment s'arrêter ?G. Duhamel, Récits des temps de guerre, IV, V.♦ ☑ Loc. prov. La vengeance se mange froide, est un plat qui se mange froid : il faut savoir attendre pour se venger.♦ Vengeance privée : système juridique dans lequel la victime d'un dommage avéré a le droit d'exercer un préjudice contre l'auteur du dommage, avec des limitations (⇒ Talion) ou des équivalences pécuniaires.2 (La vengeance). Besoin, désir de se venger. || Il ne faut écouter (cit. 24) que la vengeance. || Esprit de vengeance (→ Manigancer, cit. 3). || C'est par vengeance qu'il a agi. || Délation inspirée par la vengeance. || « L'enivrante jouissance de la vengeance satisfaite » (Balzac, les Illusions perdues, Œuvres, t. IV, p. 787).4 — (…) Ce n'est plus cette Done Elvire (…) dont l'âme irritée ne jetait que menaces et ne respirait que vengeance.Molière, Dom Juan, IV, 6.3 Relig. Action de punir. ⇒ Châtiment. || La vengeance divine (→ Impression, cit. 14; présupposer, cit.), céleste. || Les vengeances du ciel (→ Fureur, cit. 31). || Un Dieu de vengeance (→ Infini, cit. 4).
Encyclopédie Universelle. 2012.